Damien Davy, ethnologue au CNRS, directeur de l’Observatoire Hommes-Milieux Oyapock et l’historien Jean Moomou, maître de conférence à l’Université des Antilles sont les deux personnalités qualifiées nommées par la ministre des Outre-mer Annick Girardin pour siéger en Guyane au Grand Conseil coutumier. Cette instance qui va représenter les populations amérindiennes et bushinenge de Guyane est à présent au complet, seize autres membres ayant préalablement été choisis en leur sein par les communautés elles-mêmes. Elle tiendra prochainement sa première assemblée.
La création du "GCC" est une avancée pour la représentation des communautés amérindiennes et bushinenge de Guyane et la défense de leurs intérêts juridiques, économiques, sociaux, culturels, éducatifs et environnementaux. Avec sa mise en place, c’est aussi le dispositif d’accès à la biodiversité et au partage des avantages qui seraient issus de son exploitation, dispositif réglementaire résumé sous le terme "APA", qui fait un pas en avant.
En effet, le GCC devient l’organe de consultation et d’autosaisine sur tous les sujets touchant les communautés amérindiennes et bushinenge. Si sa création s’inscrit dans l’application de la loi de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer (28 février 2017), il est aussi l’un des éléments-clé de l’application de la loi d’août 2016 pour la reconquête de la Biodiversité, de la Nature et des Paysages. Connu sous le terme "Loi Biodiversité", ce texte, de portée plus large, fixe en application du protocole de Nagoya les modalités d’accès aux ressources génétiques (la biodiversité) et aux connaissances traditionnelles associées, ainsi que les modalités de partage juste et équitable du fruit des recherches avec les communautés détentrices de savoirs.
L’entrée en vigueur de la loi biodiversité le 1erjuillet 2017 a fait entrer la recherche, privée comme publique, dans l’ère des APA. Ce dispositif conditionne aujourd’hui largement le travail des scientifiques, spécifiquement en Guyane souvent qualifiée de "laboratoire à ciel ouvert" pour les études sur l’environnement, la biodiversité et toutes les interactions associées. La mise en place aujourd’hui du GCC témoigne de l’avancée du cadre d’application et dessine la normalisation progressive du nouveau contexte de fonctionnement.